Depuis 2006, les élevages bovins et ovins sont confrontés à des vagues successives de maladies virales transmises par des insectes vecteurs, parmi lesquelles la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO), la Maladie Hémorragique Épizootique (MHE) ou encore la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Ces épizooties, dont la fréquence et l’intensité semblent s’accroître, interrogent profondément la filière : sont-elles la conséquence directe du changement climatique, qui favorise l’expansion des insectes vecteurs ? Résultent-elles de certaines pratiques d’élevage intensifiant les contacts et les transmissions ? Et surtout, la vaccination de masse, bien qu’indispensable dans certains cas, peut-elle constituer la seule réponse possible face à des virus en constante évolution ?

Lors de sa webconférence (Nouveaux défis sanitaires en élevage, le 22 septembre 2025), le Dr vétérinaire Gilles Grosmond a proposé un éclairage précis sur les mécanismes de ces virus et leurs répercussions sur la santé animale. S’ils ne sont pas maîtrisés, ces agents pathogènes peuvent entraîner des fièvres aiguës, des lésions cutanées ou buccales, des troubles respiratoires et locomoteurs, des pertes de production, voire la mortalité d’une partie du cheptel. Mais les conséquences dépassent largement le cadre clinique : retards de croissance, baisse de fertilité, diminution des rendements, restrictions de mouvements commerciaux et fragilisation économique des exploitations. Autant d’effets qui montrent que la gestion de ces maladies ne peut reposer uniquement sur des stratégies vaccinales, souvent limitées par la variabilité des souches et la difficulté à anticiper leur circulation.

C’est pourquoi le Dr Grosmond met en avant le rôle central de l’immunité innée, véritable première ligne de défense de l’animal face aux infections virales. Renforcer cette immunité revient à donner aux troupeaux les moyens de résister plus efficacement aux épizooties, de limiter les symptômes cliniques des maladies et d’accélérer la récupération des animaux. Et c’est précisément là qu’interviennent les oligo-éléments : zinc, cuivre, manganèse, fer, iode et sélénium. Ces micronutriments jouent un rôle fondamental comme cofacteurs biologiques dans les processus immunitaires, antioxydants et métaboliques.